Le coureur indien peut avoir plusieurs couleurs variées, toutes plus belles les unes que les autres !
Suivant les pays, les couleurs homologuées pour exposition varient. En France, 10 couleurs sont homologuées, mais il en existe bien d’autres, tout autant jolies.
Sont homologuées en France : le sauvage, le truité, le sauvage argenté, le bleu-fauve truité, le jaune pois, le noir uni, le bleu uni, le marron uni, le blanc et le panaché brun sauvage foncé.
Sur cette page, on vous présente (dans les grandes lignes), les principales couleurs du coureur indien et leurs bases de génétique, qu’elles soient homologuées ou non, sujet passionnant dès qu’on s’y intéresse un peu ! A noter qu’il existe encore des incertitudes pour certains gènes, avec des découvertes régulièrement… Cet article est donc amené à être mis à jour régulièrement.
N’ayant pas (encore) toutes les couleurs dans notre lot, certaines couleurs ne pourront pas être illustrées pour le moment… Affaire à suivre donc !
Pour faciliter la compréhension, les gènes sont expliqués de façon indépendante les uns des autres. Mais en fait la couleur finale du canard dépend de la combinaison de l’ensemble des gènes… Ce qui explique pourquoi il y a autant de possibilités !
PS : Une même couleur peut avoir plusieurs appelations suivant les sources et les personnes voire les races de canards. C’est pour cela que c’est bien plus important de comprendre la génétique qu’il y a derrière pour bien comprendre de quelle couleur il s’agit !
Pour plus de clarté et pour mieux comprendre les gènes, nous les avons regroupés de cette façon :
- ceux qui codent pour l’aspect de la couleur sauvage (M et Li)
- celui qui codent pour une couleur unie (E)
- ceux qui codent pour les dilutions (Bl et D)
- celui qui code pour le tout blanc (C)
- celui qui code pour le panaché (R)
- ceux qui codent pour la bavette blanche (B et S)
- celui qui code pour la huppe (pompon) : Cr
* Notions préliminaires :
Les pigments :
Chez le canard, toutes les couleurs sont dues à 2 pigments uniquement : la phaeomélanine et l’eumélanine.
Sur une cane de couleur sauvage (la couleur de base) comme ci-contre, on voit clairement ces 2 pigments :
– phaeomélanine : marron
– eumélanine : noire
Les gènes codent pour la coloration d’un ou des 2 pigments (exemple : gène Bl ou Li) et leur répartition sur les plumes ou sur le corps (gènes M ou E par exemple), ou encore absence de pigments, c’est-à-dire blanc (gènes C ou B par exemple).
Voyons cela un peu plus en détail, avec les 9 principaux gènes impliqués dans les couleurs du coureur indien.
Rappel préliminaire de génétique :
– Pour chaque animal, chaque gène est en double exemplaire : on dit qu’un gène est composé de 2 allèles. Un allèle venant du père et un allèle venant de la mère.
– Quand les 2 allèles sont identiques (ex E/E) on parle d’homozygote.
Quand les 2 allèles sont différents (ex : E/e+), on parle d’hétérozygote.
– Certains gènes sont dominants : il n’a pas besoin d’être en double exemplaire pour s’exprimer. Par exemple : un animal E/e+ exprimera une couleur unie, aussi bien qu’un animal E/E.
– Certains gènes sont récessifs : il y a besoin d’avoir 2 allèles identiques pour s’exprimer. Par exemple : un animal Li+/li exprimera la couleur liée à l’allèle dominant Li+ (sauvage) aussi bien qu’un Li+/Li+. Pour exprimer le récessif li, l’animal devra être homozygote li/li (truité).
– Par convention, on note en majuscule les allèles dominants, et en minuscule les allèles récessifs, de cette façon :
Dominant > récessif
* Gènes du patron base sauvage : gènes M et Li
Dans les patrons « base sauvage », comme son nom l’indique, on se raproche le plus de la couleur du canard sauvage.
On retrouve bien les 2 pigments (phaeomélanine et eumélanine) et le dessin de base de la couleur sauvage (cf plus bas).
Les gènes M et Li vont alors coder pour la teinte des pigments et des variations dans leur répartition sur le corps.
Pour tous les patrons de base sauvage on aura une nette différence de coloration entre le mâle et la femelle.
- Gène M : Dessin du patron sauvage
Le gène M (pour Mallard, nom anglais pour la couleur « sauvage » en anglais) peut avoir 3 versions possibles : M+, md, mr
- M+ : COULEUR SAUVAGE CLASSIQUE
C’est la couleur classique du canard sauvage ou « col vert ».
Pour schématiser rapidement :
– Chez la femelle, les 2 pigments sont présents sur chaque plume du corps en formant des chrevrons. (le pencilling). De loin, cela donne une teinte camouflage très utile !
– Chez le mâle cela donne la couleur colvert classique, avec le corps plutôt gris, des flancs plutôt gris/ marron et une tête noire avec des reflets bien verts en période de reproduction.
La zone du jabot (avant du cou) a des plumes marron, formant comme un « bavoir » en dégradé (cf photo du mâle).
– Dans les 2 cas, les plumes des ailes forment une zone bleue turquoise surlignées d’un liseré blanc et d’un liseré noir.
– Au niveau de la tête : chez les femelles il y des traits noirs, comme des bandeaux qui traversent sur la tête, dont un qui « traverse » l’oeil (« eyes stripes » en anglais) et chez le mâle un petit « collier » blanc qui fait jonction entre la zone verte et le reste du corps. Le mâle a un bec clair, presque jaune.
Je ne rentre pas dans détails, mais la répartition des différentes couleurs est bien codifiée en réalité !
-Mr : SAUVAGE RESTREINT (ou Appleyard chez les coureurs indiens)
Le sauvage restreint (restricted mallard en anglais) est une variante du sauvage avec des dépigmentations (blanc) par zones diffuses au niveau de la poitrine, de la tête, du cou et de certaines zones spécifiques des ailes.
Cet allèle Mr est assez complexe : dominance incomplète sur M+ et md, interactions avec gène Li et notamment lih.
Pour résumer vite fait, l’allèle Mr semble être dominant mais avec une dominance incomplète sur l’allèle M+ et sur l’allèle md, c’est-à-dire qu’un canard Mr/M+ aura une couleur intermédiaire entre celle de M+ et celle de Mr.
Par contre Mr est complétement dominant sur les jeunes : les plumes du duvet forment un marquage typique appelé « Mohawk », du moment que le caneton possède un allèle Mr. Ils ont un trait foncé sur le dessus de la tête et les plumes de l’arrière-train sont foncées aussi.
Pour corser le tout, l’allèle Mr a des interactions avec le gène Li et notamment l’allèle lih. On ne rentrera pas dans les détails, la couleur Appleyard n’étant pas homologuée en France 😛
- md : DUSKY ou SAUVAGE FONCé
C’est une variante du patron de base mais :
– sans les liserés noirs de la tête de la femelle (« eyes strip »)
– sans le « collier » blanc du mâle
– la poitrine des mâles n’a pas la couleur foncée marron caractéristique (absence du « bavoir » marron)
– le dessous des ailes est pigmenté normalement (contrairement au sauvage M+)
Le caneton est uni à la naissance (tout noir par exemple).
C’est l’allèle le plus récessif. Pour qu’il s’exprime le canard doit être md/md.
Résumé du gène M :
Par ordre de dominance :
Mr (sauvage restreint) > M+ (sauvage) > md (dusky)
Mr est à dominance incomplète.
C’est-à-dire, chez l’adulte :
– M+/M+ ou M+/md : sauvage classique
– md/md : sauvage foncé (dusky)
– Mr/M+ : couleur intermédiaire entre sauvage classique et sauvage restreint
– Mr/md : couleur intermédiaire entre sauvage foncé dusky et sauvage restreint
- Gène Li : Couleur du fond du sauvage
Il existe 3 versions possibles pour ce gène Li : phase sombre, phase claire (ou truité) et arlequin
- Li+ : PHASE SOMBRE (couleur classique)
Dans ce cas (allèle dominant), il n’y a pas de modification, la couleur sauvage codée par le gène M précédent n’est pas modifiée (sauvage classique dusky ou restreint). On parle de « phase sombre ».
- li : PHASE CLAIRE (truité)
Grosso-modo, cet allèle « phase claire », éclaircit la phaeomélanine, c’est-à-dire : la couleur de fond marron du sauvage. Elle est éclaircie, et devient alors marron clair/ beige chez la femelle, et gris plus clair chez le mâle.
La femelle garde ses bandeaux « eyes strips » sur la tête, qui deviennent beiges au lieu de marron. Et le mâle garde la tête verte bordée par un fin collier blanc.
Les 2 sexes gardent les bandeaux turquoise sur les ailes.
Le mâle a une zone blanche sur le bas du ventre.
Pour exprimer le truité le canard doit être li/li .
Le truité est homologuée en France chez le coureur indien.
- lih : PHASE ARLEQUIN ou SAUVAGE ARGENTé
Avec l’allèle lih (arlequin), la couleur de fond est encore éclaircie.
Elle devient alors blanc sur la poitrine et plutôt crème/ beige sur le dos.
Le marquage des ailes est un peu modifié (on ne rentre pas dans les détails) mais on retrouve les zones turquoises.
Le mâle garde la tête verte en saison de reproduction.
C’est l’allèle le plus récessif, mais il n’est pas complètement récessif sur l’allèle li (truité).
C’est à dire : pour exprimer le sauvage argenté, le canard doit forcément être homozygote lih/lih. Mais si il est li/lih, il aura une couleur intermédiaire entre sauvage argenté et truité.
C’est une couleur homologuée en France dans sa version qui combine lih/lih et md/md (dusky), cf photos .
La femelle a alors une tête beige/crème sans bandeau « eyes strips ».
Résumé du gène Li :
Par ordre de dominance :
Li+ (phase sombre) > li (truité) > lih (sauvage argenté)
li est à dominance incomplète sur lih.
C’est-à-dire :
– Li+/li ou Li+/lih : phase sombre (« sauvage » classique)
– li/li : phase claire (truité)
– lih/lih : sauvage argenté
-li/lih : couleur intermédiaire entre truité et sauvage argenté
Comme on va le voir ensuite, suivant l’action des autres gènes, la couleur de base sauvage liée à M+ et Li peut être modifiée est donner des variantes. Notamment en fontion des dilutions liées aux gènes Bl et D. On retrouve notamment, pour les couleurs homologuées :
– bleu-fauve truité
– jaune-pois
Ce sont des truités (donc M+ et li/li) avec de la dilution (on en reparlera plus bas).
* Gène pour le patron uni coloré : gène E
Le gène E (pour « Extended Black ») comporte 2 versions, E et e+ :
- E : uni (noir ou dilution)
L’allèle E, dominant, masque l’action des gènes précédents M et Li en donnant un canard totalement uni, 100% eumélanine.
Basiquement l’eumélanine est noire, donc pour l’instant, on peut dire que cela donne un canard tout noir.
Mais nous verrons ensuite que l’eumélanine peut être transformée en bleue, marron ou d’autres couleurs, suivant les gènes en cause.
Donc, suivant les cas on aura un canard 100% uni : noir ou bleu ou splash ou marron ou lavande ou encore lila (on en reparlera plus bas !).
Le noir uni est une couleur homologuée en France pour le coureur indien.
Dans le cas des noirs, et surtout chez les mâles, il y a de magnifiques reflets verts brillants. Les mâles ont presque la tête verte en période de reproduction. C’est en fait une couleur très flashy, surtout en lumière rasante ! Une de nos préférées !
L’allèle E est dominant. Donc un hétérozygote E/e+ sera uni, tout comme une E/E.
- e+ : PATRON DE BASE SAUVAGE
L’allèle e+ n’apporte pas de modification, c’est-à-dire que les gènes M et Li s’expriment normalement : on a un canard avec un patron de base sauvage.
L’allène e+ est récessif. Pour qu’un canard soit avec un patron de base sauvage, il faut qu’il soit homozygote e+/e+.
En réalité, à l’état hétérozygote E/e+, le canard est globalement uni mais à y regarder de plus près, il peut y avoir quelques plumes avec un peu de « pencilling » discret (dessin des plumes couleur sauvage), voir un léger eye strip ou encore les dessous des ailes couleur sauvage.
En fait l’allèle E est à dominante légèrement incomplète.
Exemple de pencilling sur quelques plumes du poitrail :
Résumé pour le gène E :
E > e+,
c’est-à-dire :
– E/e+ ou E/E (uni) , masque l’effet des gènes M et Li
– e+/e+ (base sauvage) : les gènes M et Li s’expriment normalement
* Gènes de dilution : gènes Bl et D
- Gène Bl : dilution bleue (ou splash)
Ce gène Bl (pour « Blue ») éclaircie les couleurs (les 2 pigments), on parle alors de « dilution ».
Ce gène comporte 2 allèles possibles : Bl et bl+. Bl (pour dilution bleue) est l’allèle dominant et s’exprime dès l’état hétérozygote Bl/bl+.
Mais ce n’est pas tout, ce gène a une particularité : la dominance incomplète… (cf ci-dessous)
- Bl : DILUTION BLEUE
- Sur un canard uni (E/e+ ou E/E), si un seul allèle Bl est présent, le noir se transforme en gris (gris bleu / gris ardoise), couleur homologuée en France.
Attention, ce gène a une particularité : il est à dominance incomplète.
C’est-à-dire : à l’état homozygote (Bl/Bl), la couleur noire est encore plus diluée et devient « blanc sale » ou splash, c’est-à-dire un gris très clair, quasiment blanc avec quelques pointes de noir ou gris, le bec et les pattes restant colorées (contrairement aux vrais blancs qui ont le bec orange).
PS : On entend parfois l’appellation « simple dilution bleue » ou « double dilution bleue » au lieu de hétérozygote ou homozygote. C’est une expression plus imagée qui permet de mieux comprendre ce qu’il se passe au niveau de l’effet des allèles, qui semble avoir un effet cumulatif 😉
- Sur un canard avec un patron de base sauvage, l’ensemble des couleurs est éclaircie.
Chez la femelle, on retrouve les dessins (le pencilling) du sauvage mais moins marquées car les tonalités sont plus claires.
Chez le mâle, la tête n’est plus noire à reflets verts mais bleue (gris ardoise si simple dilution, gris plus clair si double dilution). Les miroirs des ailes ne sont plus turquoise mais tirent vers le bleu (gris) plus ou moins clair suivant le nombre d’allèles Bl. Le plumage du corps est éclairicie, beige (si simple dilution) ou presque blanc (si double dilution).
C’est le cas par exemple des couleurs :
– truité bleu (truité avec « simple dilution » bleue),
– bleu-fauve truité (truité avec « double dilution » bleue),
– abricot…
- bl+ : PAS DE DILUTION, PAS DE MODIFICATION DE COULEURS
Concrètement, cela donne selon les combinaisons suivante :
Résumé du gène E :
Si couplé avec E/e+ ou E/E (couleur unie), le canard sera uni de la sorte :
– si hétérozygote Bl/bl+ : couleur unie bleue (couleur homologuée)
– si homozygote Bl/Bl : couleur unie splash
– si homozygote bl+/bl+ : pas de dilution, couleur unie noire.
Si couplé avec e+/e+ (patron sauvage qui s’exprime) :
– si hétérozygote Bl/bl+ : cas de la couleur truité bleu par exemple (avec M+ et li/li)
– si homozygote Bl/Bl : encore plus clair (les dessins sur les plumes sont moins distincts) : bleu-fauve truité par exemple (avec M+ et li/li), couleur homologuée en France
- Gène D : dilution brune (marron)
Le gène D a pour action de diluer l’eumélanine en marron.
Ce gène est particulier car il est lié au sexe. En effet, il se trouve sur le chromosome sexuel Z.
Les femelles sont Z/W (elles ont un chromosome Z et un W), alors que les mâles seront Z/Z (deux chromosomes Z).
Du coup, chez la femelle, il n’y aura toujours qu’une seule copie de ce gène D (je noterais alors D/…), alors qu’un mâle en aura toujours 2 !
Cela a bien sûr des répercutions pour l’expression de ce gène (on va en parler juste après).
Ce gène a 2 allèles possibles : D+ et d :
- D+ : PAS DE DILUTION
Cet allèle ne modifie pas la couleur de l’eumélanine, elle reste noire (ou bleue ou splash suivant la combinaison pour le gène Bl précédent).
- d : DILUTION BRUNE
Si cet allèle s’exprime, l’eumélanine devient marron, chocolat.
Cet allèlle est récessif. Mais comme il est sur un chromosome sexuel, il est un peu particulier. Pour rappel, la femelle ne peut avoir qu’une seule version de gène (car un seul chromosome Z). Cela donne donc ces possibilités :
Chez une femelle :
– d/… : couleur marron
– D+/… : pas de dilution
Chez un mâle :
– d/d : couleur marron
– D+/d : pas de dilution
– D+/D+ : pas de dilution
Comme pour le gène précédent Bl, on doit tenir compte de si le canard est uni ou type sauvage, en fonction du gène E donc. Concrètement :
- si E/e+ ou E/E (couleur unie) : le canard est uni marron (cf photo précédente). C’est une couleur homologuée en France pour le coureur indien.
- si e+/e+ (patron sauvage) : les zones habituellement noires deviennent marron. Les zones pigmentées par la phaoemélanine sont inchangées. On a donc un patron sauvage avec moins de contraste.
C’est le cas de la couleur « Fawn » par exemple (couplé avec du dusky et du truité : md/md li/li) ou encore du brun sauvage foncé (couplé avec du dusky md/md et une phase sombre Li+). Les miroirs des ailes (les zones habituellement bleues turquoise) prennent alors des tons tirant vers les marron.
Pour résumé pour le gène D :
Si couplé à avec E/e+ ouE/E (couleur unie) :
– si femelle d/… ou mâle d/d : canard uni marron (brun)
– si femelle D+/… ou mâle D+/d ou D+/D+ : canard uni sans dilution brune : noir (ou bleu, splash suivant gène Bl, cf plus haut)
– si femelle d/… ou mâle d/d : les zones noires du dessin sauvage deviennent marron. Par exemple les couleurs fawn et sauvage brun foncé.
– si femelle D+/… ou mâle D+/d ou D+/D+ : patron sauvage reste inchangé, sans dilution brune
Mais ce n’est pas tout ! Pour corser le tout, ce gène D peut aussi avoir une action combinée avec le gène Bl…
- Action combinée des 2 gènes D et Bl : lila et lavande, jaune pois etc...
Ces 2 gènes D et Bl sont tous les 2 appelés des gènes de dilution. Et ils peuvent avoir une action combinée.
Donc, suivant les combinaisons, on aura plusieurs dilutions en même temps, un peu comme si chaque gène apportait sa touche de peinture…
Résumé de la combinaison des gènes de dilution D et Bl :
Pour les canards unis (E/e+ ou E/E) :
– Bl/bl+ et d/d (ou d/…) : couleur lila (marron grisé plus clair que le marron chocolat de d)
– Bl/Bl et d/d (ou d/…) : couleur lavande (un gris très clair un peu chaud)
Pour les canards avec patron sauvage (e+/e+) :
– Bl/bl+ et d/d ou d/… : abricot : dilutions sur base truitée dusky (md/md et li/li )
– Bl/Bl et d/d ou d/… : cas par exemple du jaune pois, couleur homologuée en France (Bl/Bl et d/d sur une base de truité (M+ et li/li)).
PS : les couleurs unies lilas et lavande, magnifiques à mon goût, ne sont pas homologuée en France chez le coureur indien.
* Gène pour le patron uni blanc : gène C
Quand il s’exprime, ce gène masque l’effet de tous les autres gènes en inhibant la synthèse des pigments. Le canard est alors tout blanc.
C’est un gène récessif, qui compte 2 possibilités :
- C+ : PAS DE MODIFICATIONS
Avec cet allèle C+, il n’y a pas d’action, les couleurs sont codées par les autres gènes précédemment vus (couleur uni ou patron sauvage).
- c : CANARD TOUT BLANC
Quand l’allèle c, récessif, s’exprime, il n’y a alors plus de pigments, ni eumélanine, ni phaeomélanine, le canard est tout blanc, avec bec et pattes oranges.
C’est une couleur homologuée chez le coureur en France.
Résumé pour le gène C :
C > c+,
c’est-à-dire:
– C+/c ou C+/C+ (pas de modification)
– c/c (canard tout blanc)
* Gène pour le panaché (pie) : gène R
Le gène R, pour « Runner pattern », code pour le patron historique du coureur indien : le patron panaché, avec blanc et couleur.
Ce gène comporte 2 allèles possibles :
- R : canard panaché (ou pie)
- Cet allèle est incomplètement dominant : il s’exprime donc quand R/R mais aussi R/r+ (mais avec moins de blanc).
Le panaché classique (R/R) a un dessin caractéristique (« Runner Pattern ») : il y a du blanc derrière le bec, sur le cou et qui remonte pour faire le contour des yeux, le bas du ventre et une partie des ailes.
Ce gène agit « par dessus » toutes les couleurs (comme si il ajoutait du blanc par-dessus), aussi bien les unis que celles avec base sauvage.Ceci dit, en coureur indien en France, seule la variété brun sauvage foncé panaché est homologuée. Et c’est également la couleur historique du coureur indien à ces débuts en Europe (appelée alors « Fawn and White ») ! Il s’agit d’un patron panaché R/R, « par dessus » un sauvage dusky (md/md, Li) avec dilution marron (d/d ou d/…).
Comme tous les patrons sauvages, il y a une nette différence de couleur entre mâle et femelle .
- Dans le cas hétérozygote R/r+, on a un dessin en blanc intermédiaire entre le « Runner Pattern » classique et le sans blanc. Généralement il y a un collier blanc et un petit peu de blanc sur les ailes.

- r+ : PAS DE MODIFICATIONS
L’allèle r+, récessif, n’apporte pas de modification, c’est-à-dire n’apporte pas le patron blanc panaché.
Résumé du gène R :
R > r+ avec dominance incomplète
c’est-à-dire :
– R/R(panaché classique)
– r+/r+ (pas de blanc panaché)
– R/r+ (panaché intermédiaire entre les 2)
Il existe aussi des pies avec beaucoup plus de blanc que le patron panaché classique.
Cela est a priori du à la combinaison de ce gène R et d’autres gènes (comme ceux de la bavette blanche, que l’on va voir ensuite) ainsi que des gène modificateurs.
Ces couleurs là ne sont pas homologuées en France, mais très jolies pourtant !
* Gènes pour la bavette blanche : gènes B et S
Ce qu’on appelle bavette blanche c’est une zone blanche sur la poitrine (et éventuellement qui remonte un peu au cou).
Il existe 2 gènes qui codent pour la bavette blanche. Chez le coureur c’est le gène B qui semble le plus fréquent.
- Gène B : Bavette récessive
C’est le gène qui semble être le plus souvent impliqué pour la bavette blanche chez le coureur indien. Il a un fonctionnement simple :
- B + : pas de bavette
Cet allèle dominant ne donne pas de bavette blanche. Le poitrail est complètement pigmenté.
- b : BAVETTE BLANCHE
Cet allèle est récessif. Si le canard est b/b, il y a une bavette blanche.
Ce gène « passe par-dessus » toutes les couleurs, quelles soient unies ou de base sauvage. Cela rajoute une zone blanchesur le poitrail.
Les variétés avec bavette blanche ne sont pas homologuées chez le coureur indien en France.
Résumé du gène B :
– B+/b ou B+/B+ (pas de bavette)
– b/b (bavette)
- Gène S : Bavette dominante
Le gène S a le fonctionnement inverse du gène B :
S (bavette blanche) > s+ (pas de bavette)
* Gène Cr pour la huppe (pompon)
Même si ce n’est pas une couleur à proprement parler, voici quelques petites infos sur le pompon que l’on appelle plutôt « huppe ».
Certains coureurs indiens peuvent avoir un pompon sur la tête, plus ou moins gros, ce qui leur donne un look encore plus rigolo et sympatique ! Mais attention il faut considérer ce gène avec précaution…
On peut parfois trouver les coureurs indiens avec huppe sous l’appellation canard de Bali.
Le gène Cr (pour Crested, soit « crête » en anglais) compte 2 allèles possibles :
- Cr: PRESENCE DU POMPON (HUPPE)
Cet allèle est dominant et donne un pompon sur la tête, plus ou moins gros. Cela peut aller d’un gros « chignon » bien rond à seulement quelques plumes.
Mais attention, à l’état homozygote Cr/Cr, il peut y avoir des malformations du crâne et même juste la mort du caneton… Il ne faut donc pas marier 2 canards à pompon ensemble !
- cr+ : PAS DE POMPON
Avec l’allèle c+, récessif, il n’y a pas de pompon.
Résumé du gène Cr :
Cr > cr+,
c’est-à-dire :
– Cr / cr+ (pompon)
– cr+/cr+ (pas de pompon)
Attention ! Cr/Cr : peut causer des malformations voire la mort !
Vous voyez la génétique des couleurs des canards est passionnante et très vite on ne peut plus s’empêcher de calculer quel peuvent-être les gènes de chaque canard… Les combinaisons possibles sont presque infinies !
A noter que pour le coureur indien, où beaucoup de couleurs existent, il est parfois impossible de prédire le génome avec certitude !
La solution pour pouvoir le faire est d’élever par lot de couleurs pures pendant de très nombreuses générations. C’est ce que font les puristes, et les passionnés d’expos, pour garantir que des couleurs cachées ne ressortent pas. Car comme on l’a vu certains gènes masquent les autres, suivant les combinaisons… Un travail de haute précision qui demande beaucoup de rigueur !
Nous (pour le moment en tout cas !), nous avons fait le choix d’avoir plusieurs couleurs ensemble. On aime trop l’effet pochette surprise à la naissance avec plein de couleurs différentes ! Même si il arrive d’avoir des couleurs un peu « bizarre » suivant les combinaisons inattendues !
Sources utilisées pour documenter cet article :
- « Colour Breeding in Domestic Ducks », Mike and Chris Ashton
- www.ashtonwaterfwl.net
- Dusky Feathers Waterfowl : www.duskyfeatherswaterfowl.com/gene-index
- Indian Runner Duck Club : runnerduck.net
- www.facebook.com/coureurindien24